"Je me réinvente ce refuge à son aube quand il n'y avait pas de raison qu'il fût.
Mon futur c'est pareil: il est en amont. Comme l'imagination. Je ne t'attends plus. Je te rencontre avec ce que tu m'as laissé.
Je baisse les yeux pour ne pas te voir, toi qui n'es pas là.
Et je te vois mieux ainsi.
Les vents sont au contraire et me ramènent l'enfance. La lumière me refoule mais me rapporte de toi. Je chante cet a priori de révolte et de contradiction, la beauté, la création, ce mensonge qui soulage, ce désordre revanchard, cet absurde bien compris.
Tu vois ce que je veux dire? Je peux crier: la marée, c'est le désemparement de la mer. Cela veut dire que toi, tu as mis les voiles. Au large aux mâtures d'acier. Bon vent ! Pardon, qui me revienne un peu. Puisque dans cet abri, dans cette stupeur végétale, j'ai dressé mes écoutilles naïves, mes capteurs de retours, mes cellules sensibles, mes radars animaux, mes vibrisses vertes et chaoscentriques, tous ces labyrinthes compliqués, énervés d'élans toujours dépolarisés, menant tout droit à mon hasard.